On est en février (oui, alors non, pas maintenant, je sais, mais c’est pour la narration, tu te calmes) et je reçois un mail de Cathy, présidente du Groupement des Boutiques Ludiques, qui me propose d’illustrer la couverture de leur catalogue annuel, distribué à 170 000 exemplaires dans des boutiques spécialisées en jeux de société partout en France.
Au GBL, depuis 6 ans ils aiment bien alterner entre une illustratrice et un illustrateur d’une année sur l’autre, et pour 2024 ils ont pensé à moi (même si je subodore que l’amie Maud Chalmel, qui a illustré l’édition précédente, a une fois encore glissé mon nom dans des oreilles). Quel honneur ! Bien sûr que j’accepte.
Quel honneur, mais quelle pression aussi ! Il me faut passer derrière les précédentes éditions illustrées par les immenses Maud Chalmel, Maxime Morin, Pauline Detraz, Julien Delval, Camille Chaussy, Anne Heidsieck et autres Pierô,… Plein de gens dont j’admire le travail. Comment passer après autant de talents ? Comment faire différent mais tout aussi bien ?
Je voulais absolument faire une image qui raconte une histoire, qui fasse sens. Avec un message positif aussi. Quelque chose qui mette en avant le côté humain des jeux de société. J’ai cherché pendant des jours une idée qui rejoigne cette ambition, en vain (c’était pas le syndrome de la page blanche, plutôt le syndrome de la page remplie d’idées pas ouf).
Et puis un jour, Émilie, ma compagne, complice de toujours et conjointe collaboratrice (je vous ai déjà parlé de l’Atelier Donjon et Crayons ?) me balance “T’as qu’à faire une cuisine !” (on était en plein visionnage de l’excellente série The Bear de Christopher Storer, peut-être que ça a joué ; regardez The Bear, c’est sur Disney+ et c’est vachement bien). Et voilà, quel merveilleux parallèle. Elle a toujours le chic pour mettre les mots sur les idées que je n’arrive pas à formuler. Comme mentionné sur ce site : “70% des bonnes idées […] sont © Émilie Caruso“.
C’était donc ça que je voulais montrer : des humains qui travaillent. Parce que les jeux de société que nous conseillent nos ludicaires, c’est des boîtes remplies d’idées, où ça cherche, où ça fume, où ça fuse ! C’est de l’amour et beaucoup de sueur pour que tout soit parfait, ou pas loin. C’est un travail d’équipe qu’on nous confie (et à la main s’il vous plaît ; j’ai déjà dit ici à quel point il est important de ne pas confier le boulot de création à une bête IA).
J’ai donc imaginé la boutique ludique comme un passe-plats, où un·e serveur·se présente sa sélection aux joueur·euse·s affamé·e·s de nouveautés. Derrière, on aperçoit les coulisses de la création, avec tout ce que ça peut (doit ?) avoir de bordélique, et de jamais facile ni immédiat.
Et voilà le résultat (avec une maquette par Anaïs Sohier), disponible en boutiques depuis cet automne ! Et c’est pas tout : en plus de la couverture du catalogue, l’illustration a été également utilisée pour habiller un petit goodie collector : une piste de dés (fabriquée par Wogamat) du plus bel effet !
Et bien sûr, en ces temps troublés par les fausses images où la précision est une vraie valeur ajoutée, j’ai fait appliquer le fameux logo “Illustré à la main” qu’on commence à voir un peu partout.
Un immense merci à toute l’équipe du GBL, et plus particulièrement à Cathy qui a accueilli mon travail avec confiance et enthousiasme. Le plaisir était partagé !
(et merci à Maud évidemment, mais elle le sait déjà)